La naissance "folklo" de Gael | Femiboard: Grossesse
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La naissance "folklo" de Gael

Cilouna

Modé-Animatrice
Membre du personnel
#1
Vive l'écharpe! Gael contre moi, j'ai pu enfin terminer ce looooooong récit. Je vous préviens c'est super long et peut-être fastidieux à lire. Alors si vous n'avez pas le courage de lire tout ca, aucun souci...Vous pouvez toujours lire la fin : le dénouement est connu mais c'est la partie la plus belle :heart:

En tout cas, j'ai aimé l'écrire. Mettre des mots sur cette nuit m'a émue et j'ai l'impression de l'avoir vécue une 2eme fois.

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Jeudi 29 Janvier : je suis enceinte de 41 semaines. J’ai RV avec le gynéco le lendemain matin pour parler d’un éventuel déclenchement. Je désespère d’autant plus que chaque matin, après un œil scrutateur, ma belle-mère (on squatte chez elle depuis quelques jours car on habite à + de 1h30 de la mater’, isolés en montagne) annonce son verdict : "ton ventre est toujours haut et tu n’as toujours pas une tête à accoucher, non, non ce sera pas encore pour aujourd’hui." Désespérante :roll: J’ai fini par y croire. Jeudi 29, un jeudi noir?! Non, un jour comme les autres, tout simplement. La journée se passe tranquillement...

Fin de journée : Pas l’ombre d’une contraction, ni l’ombre d’un changement de tête. A mon grand désespoir, j’ai toujours la même. Bon...je me mets au fourneau. Envie de femme enceinte, j’ai acheté des filets de soles que je cuisine avec amour et que je mets au four. J’ai peut-être pas une tête à accoucher mais j’ai une tête à me régaler...20h15...Tout est prêt, le four vient de sonner. Ca sent trop bon dans la maisonnée...A table!!! Euh...finalement non...au moment où je sors le plat du four, splachhhh, je perds les eaux...Adieu poisson préféré! J’apprendrai plus tard que tu as régalé ma fille, mon homme, et sa mère pendant que j’étais à la mater’’ et que je me forçais à manger leur bouffe dégueulasse...

1h plus tard...En voiture Simone!! Après avoir préparé Lena, couru partout pour rassembler les affaires, avoir un peu traîné sous la douche, on part enfin pour la maternité. P’tit crochet pour déposer Lena chez son oncle. Je me sens trop bien dans notre petite voiture toute pourrie qui, je l’espère, ne nous lâchera au bout milieu de l’autoroute. Je suis super excitée...Enfin, mon Mini-Cilou va ouvrir ses yeux sur le monde, sans avoir à déclencher! J’envoie quelques SMS, toute relax...La vie est belle. :heart:

22h00 : On arrive à la mater’, sans souci. Elle a été gentille notre voiture alors qu’elle montrait quelques signes de faiblesse. Parfois, c’est dingue comme on a de la chance dans la vie ! Au moment où je sors, resplaschhhh... J’hallucine sur la quantité de flotte que j’ai déjà perdue :shock: et puis je suis contrariée: je m’étais faite toute belle pour l’arrivée de mon loulou et j’étais toute propre! Bref...arrivée dans les locaux, je suis pris en charge très rapidement par un gros nounours adorable qui m’ausculte. Le col est dilaté à 2, trois fois rien. Nounours me dit que je ne suis pas prête d’accoucher (il doit connaître ma B.M celui là :roll: ) mais que j’ai tout mon temps. Tout compte fait, en regardant de plus près mon dossier : mauvaise surprise : les résultats de mon prélèvement vaginal ne seront plus valables demain donc on ne peut pas attendre que l’accouchement se fasse "naturellement" il va falloir déclencher dès ce soir. Bon, je comprends pas trop le raisonnement et pour la 2eme fois de la soirée, je suis super contrariée : je ne veux vraiment pas d’un déclenchement. J’ai déjà donné il y a 7 ans et je garde, des contractions dans les reins, un souvenir bien présent ! ! En plus, l’idée de "forcer" mon loulou me hérisse. Cependant, bonne surprise pour moi et pour Mini Cilou (enfin sur le moment !) il n’y a pas de salles d’accouchement disponibles, le déclenchement est retardé. Je suis contente, ca me laisse l’espoir d’avoir la possibilité et le temps d’accoucher plus naturellement. On me met dans une espèce de salle d’attente avec 3 lits dont 2 sont occupés par des femmes hurlant de douleur...Mon Dieu...mais je suis où là?! :? Je m’installe dans un lit et on me met le monito...On me laisse croupir ici, 1h30, sans mon homme interdit de séjour dans cette salle. Je m’ennuie à mourir...J’ai en bruit de fond, les battements de cœur de mon loulou ( :heart: ) et les cris de douleur des 2 femmes qui sont apparemment en plein travail...J’hallucine totalement...en 1h30 personne ne vient les voir et les soulager.

23h30 : Toujours pas de salle d’accouchement dispo. Et moi je m’impatiente. Je pète la forme. J’ai envie de voir mon homme. J'ai envie de parler. En attendant une salle, on me monte à l’étage dans la chambre qui sera la mienne après l’accouchement. Là, il y a 2 mamans qui sont avec leurs nouveaux-nés. Dans peu de temps, je les accompagnerai. Mon homme me rejoint.

Le temps passe...Une énergie d’enfer, j’ai envie de me balader mais je suis obligée de rester là, alitée. Il n’ y a rien d’autre à faire. J’ai même pas pris de bouquin...Je pense à mon poisson...J’ai super la dalle…Mon homme lui s’est effondré dans le fauteuil à côté de mon lit et...ronfle! Tu parles d’un accompagnement! :roll:

Jusqu’à 1h00, je me tourne les pouces et puis...Youpi!! HOLA Ce ne sont pas des contractions que je sens là?! Je prends les mesures : toutes les 3 minutes d’emblée, contractions d’une 20aine de seconde. Elles sont un peu douloureuses sans plus...Enfin, complètement gérable en respirant bien.

Jusqu'a 2h30/ 3h00, ca va crescendo...J’ai de plus en plus mal. Et puis je commence à fatiguer...J’ai réveillé mon homme et je lui broie la main à chaque nouvelle contraction. Je ne lui laisse pas de répit non plus : toutes les 3 minutes...

Je demande à descendre pour qu’on examine l’état de mon col. Je suis reçue par le même nounours qui me dit que la dilatation est à 3, qu’il y a du mieux mais que je ne suis pas encore en train d’accoucher. Une des ses collègues me dit de remonter dans la chambre et d’un air de reproche me signale qu’avant moi, il y a 3 femmes qui attendent pour accoucher...Qu’on déclenchera quand il y aura une salle.

J’hallucine totalement sur la réflexion de la nana!! Sont marrants eux...Attendre pour accoucher ? Comment on fait ? On serre les fesses ? "Et si finalement il n’y a pas besoin de déclencher? Et si, le travail a commencé?" "Non, non, me répondent-ils. Vous avez le temps encore...Votre col est peu ouvert et vous ne dilaterez pas aussi vite...C’est bien votre 1er ?" "Euh…non le 2eme, je vous l’ai déjà dit…" "Ah bon, ben...de toutes façons, vu l’état du col, vous ne dilaterez pas tout de suite" Ah bon, ben...soit...si vous le dites :roll:

Retour dans la chambre. Mon homme m’a rejoint.

Evidemment les contractions sont de plus en plus douloureuses et durent plus longtemps. Là, je douille vraiment! Mon dieu, que ca fait mal!! Je commence à gémir puis peu à peu à hurler. Les techniques de respiration que j’ai lues ici et là ne font rien, d’ailleurs elles sont quasiment impossibles à mettre en pratique. Comment respirer et essayer de se calmer quand ca fait aussi mal ? Je n’y arrive pas. Je supporte tant bien que mal une demi heure de plus comme ca et puis après rien de va plus...J’ai l’impression que mon corps ne peut pas en supporter davantage. J’ai mal, je me sens vraiment mal, je tremble de partout, j’ai envie de vomir et j’ai l’impression que je vais tomber dans les pommes. Mon homme va voir une infirmière et on vient me chercher super vite en fauteuil. Là...mon homme est obligé de partir comme à chaque fois que je suis descendue. Les hommes ne sont admis que dans les salles d’accouchements et à l’étage. Je trouve ça vraiment débile et ça commence à m’énerver vraiment ce règlement à la con. Va falloir que je gère toute seule les douleurs, l’angoisse de ne plus pouvoir me maîtriser et ce couillon d’interne que je n’avais jamais vu et qui me prend en charge. Je suis incapable d’aligner 2 mots (surtout en espagnol), j’arrête pas d’hurler pendant les contractions, sans pouvoir me retenir. Ca part tout seul. Jamais je n'ai extériorisé autant. Je suis dans un état complètement second. Je n’ai plus aucune prise sur mon corps. Je tremble, j’ai froid, j’ai chaud, j’ai mal, je hurle, je vais tomber dans les pommes, je le sens...J’ai sérieusement l’impression que mon corps a atteint la limite et qu’il n’en supportera pas davantage...M´évanouir ou vomir...oui...ce sera sa réponse. Et ce couillon qui me pose des questions : les mêmes qu’on m’a posées déjà 2 fois :

- "A quelle heure vous avez rompu la poche ?"
- "20h00à peu près...Je me sens mal, j’ai envie de vomir donnez moi un haricot, s’il vous plait..."
- "Vous sentez votre bébé?"
- "Oui…Donnez moi un haricot..."
- "Vous êtes sûre ?"
- "Oui ! ! Un haricot !"
- "Vous perdez du sang ?"
- "Putain non ! ! !, donnez moi un haricot, merde !!!" :evil: :evil:

Bref...ce con il m’a pas donné de haricot, et pourtant je l’avais prévenu. Tant pis pour lui, il en aura plein sa jolie blouse blanche des restes de mon 4 heures...Pendant que je lui redécorais sa blouse, j’ai eu le temps de penser qu’il avait de la chance : j’avais perdu les eaux avant de manger mon poisson.

Ca m’a requinqué...je ne tremble plus et je vais beaucoup mieux. Ca irait d’enfer si je n’avais plus de contractions. On m'examine. Oui, le col s’est un peu plus ouvert (je ne saurai pas de combien...et d’ailleurs, à présent, je dois faire des efforts surhumains pour comprendre ce qu’on me dit en espagnol). On me confirme que je suis en plein travail (Ah bon?! Sans blague?!! :roll: ) qu’il n’y aura pas besoin de déclencher, mais qu’ il n’y a toujours pas de salle d’accouchement dispo. On appelle mon homme pour lui expliquer la situation. Gros nounours, appelé en urgence, a l’air de se justifier : il ne s’attendait pas à une dilatation aussi rapide. On m’envoie dans la salle où j’étais avant pour le monito...A pied...aux bras d’une infirmière. On a refoutu mon homme dehors. Et là, une contraction encore plus terrible que les précédentes. J’ai l’impression que je suis comme...électrocutée. Je m’agrippe à elle en hurlant que j’en peux plus, que j’ai mal, que c’est trop, que je voudrais la péri. Elle n’a rien d’autre à me dire avec un ton sarcastique "ben alors?! Vous croyiez quoi?! Vous vouliez peut-être accoucher sans aucune douleur!?!"). Elle insiste bien sur le "aucune"...Pfff...pov’ conne ! Bref... =;

Elle me dépose sur le lit et avant de s’envoler, a la bonne idée de me conseiller une douche et de me louer les vertus d’un bon jet d’eau chaude sur le ventre. Allez à défaut de péri, je me traîne entre 2 contractions sous la douche, seule...Et là, le jet d’eau chaude sur le ventre, l’apothéose!!! Une contraction qui me plie en quatre et une sensation étrange, une espèce de pesanteur, je sens que le bébé est là, tout près. Je n’ai qu’une envie : m’accroupir dans le bac à douche et pousser...J’hurle à plein poumon“El ñino viene!! El niño viene!!!!

Alors là tout le monde s’affole : 4 personnes me sortent de la douche, me traînent sur le lit et m’allongent. On m’examine : j’entends, alors que je suis complètement dans le coton : "Oui, elle a raison. Il est là. Il faut faire vite ! Il faut trouver une salle!"

Oui mais elles sont toutes occupées....

Je supplie la S.F pour avoir la péri qui se marre en me disant que c’est trop tard et que dans 15 minutes tout au plus tout sera fini...mais qu’en attendant j’ai encore du travail! Une infirmière court pour aller chercher mon homme qui est je ne sais où...Je suis étonnée qu’on s’occupe de moi tout-à-coup alors que ca fait 6 heures plus ou moins que je suis à l’hôpital et que j’étais, jusqu’à présent, quasiment transparente.

Je suis déjà complètement K.O mais je pense à mon bébé qui doit aussi souffrir de tant de contractions et je ne souhaite qu’une chose : qu’on surmonte l’épreuve qui va suivre le plus rapidement possible pour qu’on puisse se rencontrer enfin, heureux et sereins.

Je ne décrirais pas ici vu la longueur du roman, les poussées pendant les contractions et la douleur qui les accompagne au passage de la tête du bébé. D’ailleurs, finalement, j’ai beau essayer de mettre des mots sur la douleur, c’est impossible. Elle est indescriptible. Mais j’aurai pour la 1ere fois de ma vie, expérimentée une chose : le corps est une machine incroyable qui peut sans cesse repousser ses limites. On croit notre seuil de tolérance et de résistance à la douleur atteint, mais (en tout cas, dans le cas d’un accouchement certes douloureux mais "normal" et sans complication), il n’en est rien...Le fait qu’on n’ait plus le choix, l’urgence, l’énergie du désespoir, l’énergie de la vie, ce défi qu’on se lance, cette prise de conscience que le bébé souffre sûrement autant, ce profond désir d’en finir pour le bien des 2, cette impatience de rencontrer enfin ce petit être tant attendu et tant de choses encore et tout ca mélangé confusément, font qu’on se surpasse même quand on est à bout de force.

Quoiqu’il en soit, mon homme a assuré à fond, m’accompagnant vraiment de son sang froid, me caressant les cheveux, me posant une main rassurante sur le torse, me parlant pour me calmer, m’offrant sa main à broyer et ses oreilles attentives à mes cris, mes pleurs et mes gémissements...Jamais il ne m’a vu comme ca. J’ai peur que ca le choque ou qu’il se sente mal...Si c’est le cas, il ne montre rien et reste jusqu’au bout.

La tête du bébé est sortie après 4 ou 5 poussées. Ses épaules et son petit corps rapidement après...Un cri, son cri...4h37...Je tends les bras, mais n’arrive pas à me redresser pour l’attraper. "Ne le prenez pas, pas tout de suite, laissez-le moi" On me le pose sur le ventre, tout tremblant et criant. J’éclate en sanglot de soulagement et de bonheur. Je l’enveloppe de mes bras, je le couvre de baisers...Je pleure et je ris...je ris et je pleure et entre 2 larmes et 2 hoquets, je suffoque : " Waouhhhhh, Que t’es beau, mon bébé ! ! ! , Qu’il est beau notre fils ! ! Tu as vu comme il est beau ton fils ? Euh…ca va toi ?!" (je me rends compte que j’ai carrément mis de coté le papa :oops: ). On me laisse le bébé sur le ventre quelques minutes jusqu'à ce que le cordon cesse de battre. C’est papa qui nous séparera...et on amène Gael pour ses premiers soins.

Retour sur terre avec d’autres réjouissances que je ne raconterai pas en détail : sortie du placenta, réparation à vif d’une micro déchirure, 2 heures de perf d’oxytocine avec Miss "Rouleau-compresseur", une infirmière super délicate qui m’appuie régulièrement sur le ventre pour tout faire sortir alors que j’étais en parfaite osmose avec Gael à qui je donnais sa 1ere têtée...Bref que du bonheur...

Il est presque 07h00 quand on me remonte dans la chambre, Gael dans mes bras. Je n’ai pas dormi depuis plus de 24 heures, je viens de courir un marathon, mais je pète la forme. J’ai une énergie d’enfer. Et c’est magique, je n’ai plus mal nulle part ! Et c’est encore plus magique, j’ai tout oublié (au moins sur le moment parce qu’après ca revient) des douleurs passées et de la colère que j’ai parfois ressentie face au personnel médical pour le moins négligeant. Mon homme épuisé reprend la route pour dormir un peu. Et moi, euphorique, et émerveillée, je n’arrive pas à décrocher mon regard, je caresse mon bébé et lui susurre des petits mots d’amour...Des petits mots d’amour qu’il n’entend sûrement pas, vu qu’il dort comme un bienheureux. C’est que...cette nuit, je n’ai pas été la seule à travailler. On était 2...voire 3 avec le papa :wink:

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Bisous les filles!
 

touna

chat alors !
#2
Cilou, il est très impressionnant ton récit dans le sens où sans péridurale c'est vraiment autre chose en terme de douleurs ressenties !
et comme tu le dis si bien l'adaptation du corps est remarquable ...
beaucoup de bonheur à ta famille !
 

touna

chat alors !
#3
j'ai beaucoup apprécié également le vécu du séjour avec la cohabitation avec les autres mamans et bébés, j'imagine ton empressement pour sortir retrouver ton environnement habituel...

une expérience de vie à l'espagnol ! bravo
 

babouna

Elle a planté sa toile de tente dans un petit coin
#5
Tu me fais pleurer Cilou. Ton récit est magnifique, J'ai revécu mon accouchement, toutes ces choses que j'avais complètement oublié. Le corps est un engin magnifique, c'est vrai.

Bisous à vous 2